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Table ronde PMI – Intégrer la RSE dans la gestion de projet

La Responsabilité Sociétale des Entreprises répond à des enjeux modernes. Entre autres, le contexte environnemental, social et les innovations technologiques rapides intègrent de plus en plus les problématiques sociétales dans la stratégie des entreprises. En effet, les réglementations et les modes de consommation évoluent fortement et conditionnent la pérennité des modèles économiques actuels. Dans ce cadre, de nouveaux postes sont créés et représentent la RSE au sein des équipes. Néanmoins, cette considération est nouvelle et laisse en suspens de nombreuses problématiques. Les actions mises en œuvre par les entreprises sont loin d’être parfaites, totalement formalisées et optimales. Ainsi, j’ai eu la chance d’assister à une table ronde, organisée par le PMI, qui cherche à répondre à la problématique suivante : “Comment intégrer la Responsabilité Sociétale des Entreprises dans la gestion de projet ?”.

Madame Domitille CHAVATTE, de Optim Ressources, animait cet événement. Madame Laurence DUCHESNE, de la CNR, Monsieur Cédric LEROY, de Lynred, puis Monsieur Jean-Yves KLEIN, du PMI, ont apporté leur point de vue, basé sur leur expérience, quant à l’intégration de la RSE dans la gestion de projet. Je tiens à remercier leur intervention de haute qualité et très accessible, tant pour les chefs de projet expérimentés que pour les jeunes ingénieurs en formation. J’adresse mes remerciements également aux équipes du PMI pour avoir organisé cet événement et pour leur engagement.

Cet article constitue un rapport des pistes proposées par les intervenants dans cette démarche. Dans une seconde partie, je partage ma réflexion sur le sujet, en tant qu’étudiant en école d’ingénieur.

Points d’entrée de la RSE

Il est essentiel de comprendre à quel point la RSE est complexe à mettre en place dans l’entreprise. Elle constitue un ensemble de dimensions différentes et parfois presque indépendantes. Du fait de sa nouveauté, les normes, les objectifs, enjeux et les processus ne sont pas tous clairement définis et sont sujets à une forte évolutivité. De plus, elle doit s’intégrer parmi un écosystème qui n’a pas nécessairement prévu cette considération. Alors, les travaux sont nombreux pour converger vers les objectifs de cette démarche. Il est impossible de réaliser un travail de transformation complète et exhaustive du système déjà existant, du fait de la complexité de la manœuvre et du caractère évolutif de la RSE. Pour l’intégrer plus facilement, une approche étape par étape est à privilégier. Pour ce faire, voici quelques points d’entrée suggérés par les intervenants :

  • L’ouverture aux parties prenantes : ce point suggère d’étendre la RSE à l’échelle des parties prenantes, grâce aux exigences projet, dans le cadre de prestations externes, ou grâce à la fonction de conseil des consultants, des experts et des ingénieurs. Il s’agit de sensibiliser les parties prenantes aux enjeux de cette responsabilité. Pour cela, il est essentiel de mettre en évidence le bénéfice sur la stratégie à long terme, les opportunités pour les activités de l’entreprise, et les risques relatifs à la négligence de ces considérations.
  • L’acculturation de l’entreprise : elle consiste à impulser une culture de la RSE au sein de tous les collaborateurs de l’entreprise. Pour cela, une sensibilisation globale est nécessaire et tout le monde doit être concerné par le sujet, à son échelle. Les métiers, les chefs de projet, les décisionnels sont tous impliqués à part égale dans une démarche de responsabilité collective. Cette démarche doit être proactive, régulière et rigoureuse. Elle doit se faire sur le long terme, et impacter tous les processus métiers et décisionnels.
  • Le développement durable : ce point vise à porter une attention particulière à l’impact des décisions et des opportunités actuelles sur le long et le très long terme. Il s’agit d’une considération intergénérationnelle qui assure la pérennité du modèle économique. Si d’un côté elle permet de protéger les collaborateurs de demain, elle est également un service rendu à la stratégie de l’entreprise, limitant les coûts futurs d’adaptation aux nouveaux besoins, induits à cause d’un manque d’anticipation dans le passé. Encourager l’équité sociale, le bien-être des équipes ou la limitation des gaz à effet de serre, est un bon moyen de s’inscrire dans cette démarche.
  • L’éco Responsabilité : cette considération est axée sur les impacts environnementaux des activités humaines. Il s’agit de répondre aux réglementations écologiques actuelles, puis futures, mais également de préserver et sauver les ressources qui permettent à l’entreprise de continuer à exister, à exercer son activité dans le futur.

La coresponsabilité des actions RSE

Le paragraphe précédent a mis en évidence la dimension collective de la démarche RSE. Cette responsabilité est partagée entre tous les collaborateurs et toutes les parties prenantes. De ce fait, on voit apparaître un modèle de coresponsabilité des actions RSE dans les projets en entreprise :

  • Stratégie / Tactique et opérationnel : une frontière importante existe entre ces deux axes. La stratégie a pour mission de prévoir une dimension éthique et responsable par des actions concrètes. L’opérationnel et la tactique doivent assurer la mise en place des mesures responsables et éthiques, puis remonter les retours d’expérience dans une démarche proactive et d’amélioration continue.
  • Initiatives terrain / Gouvernance : la gouvernance est censée prévoir une culture, des processus, des réglementations et des mécanismes qui s’inscrivent dans une démarche RSE. Aussi, les initiatives terrain, proactives et dynamiques, permettent d’impulser une démarche RSE au quotidien, au sein des équipes, des projets, et à tous les niveaux.
  • Écosystème interne / externe : les parties prenantes externes ont un rôle à jouer dans cette responsabilité collective. En effet, ils doivent comprendre les enjeux sociétaux de leurs propres besoins et la nécessité de se conformer selon certaines considérations (réglementaires, morales, etc.). Néanmoins, les équipes internes ont une mission forte dans ce sens : elles doivent initier cette responsabilité en sensibilisant et en conseillant les parties externes. Elles doivent gérer de manière stratégique les intérêts contradictoires des parties prenantes, en mettant en évidence les avantages d’une démarche RSE, et en trouvant un équilibre entre la dimension financière et les dimensions éthique, environnementale, etc.

Facteurs principaux encourageant la démarche RSE

Il est délicat d’adopter réellement une démarche responsable, simplement parce que c’est “bien”. Ainsi, les entreprises ont souvent des intérêts réels à s’inscrire dans une politique RSE, au sein des projets et de la stratégie. Voici la nature des principales motivations des entreprises :

  • Réglementations : elles sont une contrainte au sein des projets, des processus, des méthodes, etc. Elles jouent un rôle majeur puisqu’elles permettent d’imposer une conformité minimale et une limitation des impacts des activités, en sanctionnant au moins financièrement la non-conformité. Néanmoins, cette mesure n’est pas suffisante, car de nombreuses entreprises se contentent de faire “ce qu’il faut” pour respecter les critères établis. Il n’y a pas de réelle impulsion responsable.
  • Exigences envers les prestataires et les fournisseurs : elles existent et répondent souvent à un besoin transitif. C’est-à-dire que les contraintes et les besoins en matière de RSE au sein d’une entreprise ont une répercussion directe sur les exigences envers les fournisseurs. Les besoins initiaux répondent souvent aux aspects suivants : demande du marché, image de la marque, durabilité des projets, conformité réglementaire, etc.
  • Partenaires et parties prenantes : un peu de la même manière que les exigences des prestataires et fournisseurs, certains partenariats et certaines parties prenantes, dont dépendent les activités de l’entreprise, ont des exigences strictes en matière de responsabilité sociétale. A ce moment-là, l’effet de transitivité des exigences est observé. Aussi, certains partenariats peuvent être à l’initiative de l’entreprise pour rendre profitable une démarche RSE dans le cadre de la stratégie.
  • Modèle économique et financier : cet aspect est essentiel. En effet, les solutions écologiques, éthiques, humaines sont parfois les plus rentables à court terme et/ou à long terme. Ainsi, mener une gestion approfondie des risques et des opportunités permet de mettre en évidence l’intérêt d’une démarche RSE dans les projets. Par exemple, l’anticipation des réglementations et besoins futurs environnementaux, des exigences des consommateurs et des ressources disponibles sur le long terme, on voit apparaître la nécessité d’une démarche écologique pour rentabiliser l’action sur le long terme, l’optimiser et assurer sa pérennité.
  • Forte culture interne : deux aspects sont concernés. Il s’agit dans un premier temps d’intégrer pleinement la dimension responsable dans les activités de l’entreprise, en proposant des solutions dont l’objectif est de répondre à un besoin sociétal. Dans un second temps, la sensibilisation de tous les collaborateurs est un facteur essentiel de la mise en place des actions collectives engagées.

Quelques impulsions à mettre en place en entreprise

Pour impliquer l’entreprise dans une démarche RSE, il est possible de mettre en place des impulsions dans ce sens :

  • Valoriser les idées des prestataires et des parties prenantes : nous l’avons vu, le rôle des prestataires externes et des parties prenantes est considérable dans l’adoption d’une démarche RSE dans l’entreprise. Ainsi, le chef de projet, ou le Project Management Officer, devrait mettre en valeur, auprès des décisionnels, les idées novatrices, créatives et prometteuses des parties prenantes, en matière de responsabilité sociétale.
  • Pousser l’entreprise à adopter une gouvernance et une feuille de route basée sur la RSE : le Project Management Officer, le chef de projet, les consultants ou tout acteur intervenant dans une démarche de conseil doit inciter les entreprises à adopter une forte considération responsable dans leur gouvernance et leur feuille de route. Ce sont des points d’entrée essentiels de la RSE et doivent être une priorité. Pour ce faire, les acteurs doivent mettre en évidence les avantages de cette initiative, les risques liés à la négligence, selon une vision à long terme. S’appuyer sur des KRI (indicateurs clés de risques), par exemple, est un bon moyen de démontrer ces points.

Un engagement des équipes projets dans une démarche RSE, au delà de la gouvernance

Si la gouvernance est un point d’entrée majeur de la RSE dans l’entreprise, et dans la gestion de projet, la responsabilité peut être initiée selon d’autres facteurs, plus naturellement, sans que cela vienne de la gouvernance :

  • Les convictions personnelles : les collaborateurs sont parfois sensibilisés aux enjeux de la RSE, grâce à leurs enfants, à leur famille, aux craintes pour les générations futures, ou grâce aux causes qui les touchent personnellement. Cette sensibilisation personnelle permet d’initier et d’engager des considérations responsables au sein des équipes, par la mise en commun des expériences et des convictions, et en convergeant vers des objectifs collectifs.
  • Les opportunités : intégrer des projets et une démarche qui s’inscrivent dans la RSE sont parfois des opportunités d’innovation, de développement des activités, ou même de réduction des coûts. Certaines solutions écologiques peuvent être moins coûteuses et d’autres moins responsables. Vendre ces opportunités auprès des décisionnels est le rôle des équipes projets et des ingénieurs d’aujourd’hui. L’utilisation d’indicateurs clés est un bon moyen de démontrer ces opportunités.
  • La recherche dans l’existant en entreprise : il s’agit d’intégrer à ce qui existe déjà dans l’entreprise des indicateurs et des considérations éthiques, environnementales, sociales, et responsables. Par exemple, cela peut s’effectuer en ajustant les outils de Business Intelligence, d’évaluation des performances, ou en ajoutant à la gestion des risques ceux qui sont liés à l’environnement, etc.
  • La communication aux décisionnels des contraintes et exigences : ce point rejoint la dimension collective et la coresponsabilité de la RSE. Il suggère de remonter toutes les contraintes et exigences aux décisionnels. C’est une mission des équipes projets mais également des équipes opérationnelles et des responsables métiers. En effet, la stratégie ne sait jamais tout ce que l’opérationnel sait.

Les points qui renforcent la démarche RSE

Si la responsabilité sociétale et environnementale est très importante en gestion de projet, elle doit être renforcée pour assurer son bénéfice à long terme et la rendre efficace. Une mauvaise gestion de ces aspects là met en péril les projets RSE. Pour cela, deux actions sont à mettre en place :

  • Ajuster la gouvernance de l’entreprise : cela permet de traiter les injonctions contradictoires des parties prenantes.
  • Ajuster la gestion des risques : ce point est essentiel pour éviter un résultat néfaste à cause de négligences, là où l’action a pour but initial un résultat positif sur les activités de l’entreprise. Ainsi, cette gestion efficace permet d’anticiper les menaces futures pour s’assurer de l’efficacité de la démarche à long terme, et pour diminuer les impacts négatifs.

Réflexion personnelle sur le rôle des jeunes ingénieurs dans la démarche RSE

En tant qu’étudiant en école d’ingénieurs, passionné de gestion de projet, le rôle des jeunes chefs de projet dans la démarche RSE et les options qui s’offrent à eux est une question qui m’interpelle. J’ai eu la chance de rencontrer des acteurs de la gestion de projet d’entreprises et d’horizons différents. Nos échanges ont nourrit une réflexion plus personnelle sur cette problématique : “Comment les jeunes chefs de projet peuvent impulser la RSE dans les perspectives de l’entreprise ?”. Que cela soit lors d’une alternance ou du premier emploi, l’étudiant peut jouer un rôle important. Nous, jeunes chefs de projet et étudiants, pouvons mettre en place quelques actions dans ce sens :

  • Énoncer clairement nos ambitions en matière de RSE lors du recrutement : cette démarche transparente lors de l’entretien a plusieurs avantages. Elle permet dans un premier temps de nous assurer que les perspectives de l’entreprise correspondent aux nôtres et qu’elles convergent vers des objectifs communs. Elle permet aussi de mettre en évidence nos valeurs, notre curiosité, notre engagement sociétal et notre dynamisme.
  • Proposer et initier de manière proactive de nouveaux projets RSE : la force de proposition, la proactivité et le dynamisme des étudiants sont toujours valorisés. Il est alors tout à fait judicieux de proposer des projets dont le cœur de la mission a une dimension RSE. Ces propositions permettent d’élargir l’activité de l’entreprise, de renforcer l’image de marque, et d’intéresser une nouvelle clientèle. De plus, l’alternance, ou le stage, sont favorables à la mise en place de tels projets.
  • Se former sur la RSE et partager une expertise nouvelle : nous pouvons profiter des ressources mises à disposition par les écoles pour approfondir les notions relatives à la RSE et développer des compétences à ce sujet. Elles pourront d’ailleurs être mises en avant dans le cadre de nos futures candidatures et être partagées au sein des équipes projets.

Bien que les jeunes diplômés et les étudiants puissent avoir du mal à s’imposer dans leur entreprise du fait de leur jeune âge et de leur statut, certaines actions proactives peuvent mettre en valeur leur personnalité tout en créant une impulsion responsable auprès des équipes projets. Ainsi, ils jouent un rôle majeur dans la responsabilisation des activités de l’entreprise.

Conclusion

Finalement, intégrer la RSE dans la gestion de projet est un processus qui peut paraître complexe. Pour y parvenir, une approche systémique est à privilégier, en ciblant les efforts sur les processus, les méthodes, les normes et la culture de l’entreprise. Une mise en place progressive est nécessaire pour faire face à la multitude d’aspects à considérer. On peut résumer cette transition en trois points :

  • Gouvernance : ce point suggère d’utiliser les gouvernances pour intégrer la RSE à l’existant dans l’entreprise.
  • Référentiel : cette considération induit d’ajuster les référentiels (critères de risques, de performances, etc.) pour intégrer l’évaluation de la démarche RSE et de son impact.
  • Rôle des chefs de projet et du Project Management Officer: il s’agit d’ajuster les méthodes de gestion de projet et faire preuve d’initiative dans le cadre d’une démarche proactive.

Pour ouvrir le sujet, il peut être intéressant d’approfondir les indicateurs clés à mettre en place dans les référentiels pour optimiser la considération de la RSE. Nous pourrions également mettre en évidence les leviers possibles lorsque l’entreprise, ou les parties prenantes sont réfractaires à cette démarche et ne veulent pas innover dans ce sens.

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